MOULINS
Passage éclair chez ma soeur pour aller, ensemble, là.
Au centre National du Costume de Scène et de la Scénographie à Moulins, pour y voir ceci.
Expo formidable ! J'ai appris beaucoup de choses sur l'évolution du costume au fil des époques, en fonction du regard porté sur l'oeuvre et la façon de la transmettre au spectateur, l'évolution des techniques, des mentalités, des moyens financiers, l'ouverture à l'extérieur, puis à l'étranger...Passionnant ! mais peu de choses à vous montrer car les photos sont interdites en raison de la fragilité des pièces présentées, et entre le dépliant à deux euros et le gros bouquin à plus de 40, rien ! Pas un catalogue d'expo...
Voici tout de même quelques clichés tirés du dépliant, que j'ai ramené à la maison ainsi que deux reproductions de travaux de Christian Lacroix, un mètre ruban et des aiguilles à coudre. Vous savez que j'en consomme un certain nombre chaque année.
En plus des costumes, certaines salles présentaient des accessoires, dont une fabuleuse série de chapeaux ; un atelier de couture avec les différentes étapes de la confection des vêtements, les outils des repasseuses, une vitrine de cols et de cravates, une de moustaches, barbes et autres accessoires pileux plus incroyables les uns que les autres et... la loge de l'artiste.
Bref, j'ai adoré !
Petite info sur le Musée :
Au XVIII ° siècle, la construction du pont Régemortes permet de nouveaux aménagements sur la rive gauche de l'Allier. On y construit le quartier de cavalerie, premier casernement, né de la réforme de l'armée engagée par Choiseul sous Louis XV, pour mettre fin aux perturbations amenées par le logement des hommes en ville. Les bâtiments remaniés abriteront un groupe de gendarmerie jusqu'en 1981. Classés Monuments Historiques en 1984, ils échappent à la destruction. En 1993, la Direction du Patrimoine entreprend des restaurations, le projet de CNCS&S se forme. Il ouvre ses portes le 2 juillet 2006. Il conserve 8500 costumes provenant de l'opéra National de Paris, la Comédie Française et la Bibliothèque Nationale de France, et des toiles de décor.
Comme il faisait beau, nous sommes ensuite allées à la découverte de la ville au hasard des rues.
Nous avons découvert une ville riche d'un patrimoine d'époques très diverses. Il faut dire que Moulins était la capitale des Ducs de Bourgogne, plus grand Duché de France, jusqu'à son rattachement à la couronne en 1531 !
Au centre des clichés vous ne pouvez manquer de remarquer le Jacquemart, tour-horloge de Moulins. Vers 1400, la ville en comptait deux. Puis Jean II de Bourbon décide d'installer une horloge moderne. Les travaux s'achèvent en 1455. Un sonneur en fer peint (Jacquemart) rythmait les heures en frappant une cloche aux armes du Duc, de la Duchesse et de la ville, les tours-horloge étant le symbole des libertés accordées aux communes. Mais en 1655, le feu prend dans les anciennes halles et gagne la tour. Elle est rebâtie et dotée de 4 statues, Jacquemart, son épouse et ses deux enfants. En 1946, nouvel incendie causé par les feux de bengale célébrant l'armistice. La tour et les mécanismes ont été reconstruits à l'identique.
Il existe à Moulins une volonté manifeste de mettre le patrimoine en valeur et la ville a été désignée en 1997, Ville d'Art et d'Histoire.
En haut à droite, vous apercevez une maison à colombages. C'est la maison de Thierry de Clèves, chirugien et barbier du Duc Jean II. De style gothique tardif, les étages sont construits en encorbellement reposant sur des consoles feuillagées. Bois et pierres sont décorés de feuilles de choux. Les contreventements sont disposés en croix de Saint-André et les vides comblés de briques recouvertes. Ce logis sur cour a eu la chance d'échapper au grand incendie de 1655, et a été parfaitement restauré.
En bas à droite vous apercevez les immeubles XV° et XVII° qui abritent le Musée de la Visitation.
L'heure avançant nous n'avons pu explorer qu'un périmètre réduit, mais nous avons été surprises par cet édifice bicolore peu courant.
Curieuse cathédrale ! Vue, ici depuis les arches de la Halle aux blés.
Et bourrée de détails étonnants comme ces personnages et gargouilles.
En fait, la cathédrale Notre-Dame fut d'abord une chapelle édifiée à la demande de Louis II, puis modifiée et dédiée à Notre-Dame. En 1468, Agnès de Bourgogne pose la première pierre d'un nouvel édifice achevé au XVII°, partie est de l'actuelle cathédrale. En 1790, en pleine Révolution, est prise la décision de créer un évêché à Moulins et c'est en 1823 que la collégiale des Ducs reçoit définitivement la Cathèdre épiscopale et devient Cathédrale Notre-Dame, élevée au rang de Basilique en 1949 par le Pape.
Devenue cathédrale, il fallait agrandir l'édifice, la partie médiévale devant en constituer le choeur. Les travaux commencèrent en 1854 après que Napoléon III eut débloqué les fonds nécessaires. On décida d'employer pour la construction le calcaire de Chauvigny et l'andésite de Volvic.
Mélant gothique et références romanes, notamment la bichromie de pierres, ce nouvel édifice ne fut guère apprécié, qualifié de "néo-XIII° auvergnat". A la base du toit, des personnages en habits traditionnels du Bourbonnais observent la ville. L'idée serait de Viollet-le-Duc. Les vitraux, statues et peintures ont eu à souffrir de la révolution, les blasons notamment.
Une statue rappelle le passage de Jeanne d'Arc à Moulins en 1429.
A l'arrière de la cathédrale nous arrivons devant le château de Moulins, ou tout au moins ce qu'il en reste.
Probablement né d'une motte féodale, la présence d'un château à Moulins est attestée depuis le XI° siècle. Louis II, rentré après 6 ans de captivité pour trouver un Duché dévasté par la guerre de Cents ans, entreprit la reconstruction des fortifications et des châteaux du Duché, dont celui de Moulins entre 1366 et 1375. La tour maîtresse qui subsiste aujourd'hui fut appelée la Mal-Coiffée. Haute de 45 mètres, elle compte 7 étages au dessus du sol et trois niveaux en-dessous.
A son coté, un oratoire dont reste encore la baie gothique. Existe toujours le grand mur ouest avec ses 4 baies de la Grande Salle ou Salle des Etats dans laquelle le Duc rendait la justice et, où se déroulaient les festivités.
En 1488, Pierre et Anne de Bourbon deviennent Duc et Duchesse du bourbonnais. Anne est la fille du roi de France Louis XI. Elle fait construire une nouvelle aile au château et un pavillon destiné aux séjours de son frère Charles VIII, en 1497. Mort l'année suivante, il n'en profitera jamais.
C'est l'une des toutes premières constructions Renaissance de France. Elle fit également transformer les jardins médiévaux à l'image de ceux de Naples, en jardins renaissance.
Quand le Duché de Bourbonnais fut démantelé en 1531, le château devint propriété royale. En 1661, il échut au Prince de Condé. Peu entretenu, il périclita. Dès la fin XVII°, des pans de murs s'effondrent. En 1755, un incendie ravage l'aile ouest. En 1774, le château est classé comme ruine, les batiments morcellés et partiellement détruits.
La Mal-coiffée doit sa sauvegarde à sa reconversion en prison départementale dès 1793. Le pavillon Anne de Beaujeu doit la sienne à sa reconversion en gendarmerie et à son inscription sur la première liste de Monuments Historiques dressée par Prosper Mérimée en 1840.
L'ensemble du pavillon restauré et complété de batiments annexes en 1907 abrite le Musée d'Art et d'Archéologie.
A l'emplacement de l'aile ouest, photo en haut à gauche, un riche bourgeois de la ville , Louis Mantin, fit édifier sa maison en 1896. Sous cette maison, devenue, elle aussi lieu d'exposition, subsistent quelques vestiges du château.
Mais il nous faut rentrer, nous découvrirons le reste de la ville une autre fois. Nous avons déjà croisé tant d'histoire et de beauté.
Rentrant avec le soleil couchant nous traversons une partie de l'Allier pour regagner le Berry et passons devant l'école du grand Meaulnes. Fabuleuse journée !
Que la vôtre soit belle aussi.
A bientôt.