LE JARDIN DE LA CHINEUSE
Que d'évènements dans le jardin en ce mois de juin !
La pluie n'a eu cure du calendrier, et après mai, s'est attaquée à juin. Un beau projet de visites s'était formé pour le week-end de la fête des jardins, je vous en ai parlé, et nous avons eu la chance de pouvoir découvrir les jardins du Clos des cèdres, de Maryse et son époux, de Mireille par une journée, certes fraiche mais sans eau !
Le lendemain, pas de pluie en vue. La météo y mettant enfin du sien, la découverte de ces jardins formidables me poussait à m'occuper avec ardeur du mien, si modeste et peu accompli qu'il me paraisse après cette journée mémorable.
En quatre jours, je bouclais ce que je n'avais pas réussi à faire les quatre semaines précédentes. Je rendais un visage avenant à mon lopin et...La pluie faisait un retour triomphal !
Heureusement, elle n'est pas tombée tous les jours aussi abondamment que ce vendredi et certaines journées, les éclaircies l'emportaient, le soleil faisant des apparitions parfois tardives.
Toute cette eau, même si elle a parfois mis a mal certaines floraisons, a cependant largement profité à mes plantes plus habituées à un régime sec et en a prolongé la plupart. J'ai donc beaucoup de choses à vous montrer. Installez-vous confortablement.
Commençons par "Ré". Si les roses trémières se font attendre, celles de "Veilchenblau" sont bel et bien parties à l'assaut des claustras. Lentement mais inexorablement ses lianes se sont couvertes de bouquets denses aux couleurs profondes.
"Belle de Crécy" et son inséparable heuchère l'ont accompagné de leur mieux.
Le salon métallique récemment chiné est venu s'y installer. Un vrai bain de fleurs !
Le long de la terrasse, les stipes jouent les oyats et quelques herbes ayant échappé à la tondeuse se parent de délicats épis.
L'espace libéré par la remise à niveau de la haie se remplit doucement. Sur la droite, "Petit bonheur" et "Ornement des bosquets" prennent leurs marques. L'aster 'Asran' offert par Maryse égaiera leur pied, tandis que le bergenia chiné à Benais ouvrira le bal au printemps.
Les sedum évadés d'un pot font bon ménage avec la persicaire reçue lors du troc l'an dernier. Au-dessus, l'arbre aux faisans de Marie-Noëlle ouvre ses toutes premières corolles, que j'ai la bonne surprise de découvrir blanches. Je ne m'étais jamais posé la question, me focalisant sur les grappes de fruits de l'arbuste.
A gauche, devant le nandina, l'itea, toujours aussi petit, 40 cm au garrot, étale de superbes épis soigneusement mis en valeur par son feuillage nuancé. La glycine attend sagement son support. A leurs pieds un méli-mélo de lysimaques, sedum et géranium, auto-installés !
Dans le grand massif, les choses ont suivi leur cours. J'ai simplement veillé à supprimer régulièrement les roses fanées pour éviter la propagation de maladies et mettre en valeur celles que la pluie épargnait. Nous nous y arrêterons au retour. Poursuivons vers le fond du jardin et le massif "Lune". Les chaises et la table ronde qui avaient commencé la saison dans "Ré" sont arrivées ici car un vilain champignon dopé par l'humidité ambiante s'est attaqué au bois des chaises. Je les ai donc déplacées pour créer un coin "café-potager" plus aéré. Le long du grillage, fraises et panais se sont invités.
Et j'ai mis mes tomates sur roues afin qu'elles suivent plus facilement le soleil, assez chiche, il faut bien en convenir.
"Neige d'avril" a mené à bien sa floraison envers et contre toutes averses.
"Marie Pavie" a affirmée la sienne, le miscanthus a déployé ses traits de lumière,
les jeunes feuillages du rosier et du nandina se sont mis à l'unisson pour faire vibrer l'ensemble.
Le soleil miroitait sur les étoiles des aulx.
Une même douceur les liait à "Bougainville".
Derrière eux, les sublimes corolles espérées du jeune hortensia offraient leur pâle clarté, relayées en pleine lumière par celles de la coquelourde.
En attendant que mûrissent les têtes rondes du chardon boule bleu,
effleurons le massif du cerisier,
en admirant au passage le rosier le plus sombre du jardin.
Auprès de l'arceau qui surplombe l'allée contournant la maison, l'activité est intense.
"Salet" jette ses derniers feux.
"Pierre de Ronsard" essaye de suivre le rythme, gêné par la pluie qui fait pourrir ses roses trop remplies. La pivoine tente une dernière fleur.
Le portillon franchi, une marée montante d'érigerons nous accueille qui ne doit pas nous faire oublier de saluer la première floraison de la clématite 'Mikelite'.
Nous voici arrivés devant la partie "Yin" du massif "Yin-Yang". Plus que les fleurs, ce sont ici les feuillages qui attirent l'oeil.
En nous approchant nous pouvons toutefois constater que le cornus est en pleine effervescence, le seringat prêt à lui emboiter le pas. Sous les longs rameaux du cornouiller se cachent timides et rosissantes, les premières roses de 'Félicité Parmentier'.
En contournant l'extrémité du massif, nous apercevons sur le cliché en bas à droite, la possible sauge, chinée à Benais et très vaguement dans les pieds du fusain panaché et du styrax, le bégonia donné lui aussi par Maryse. Je suis gâtée !
Profitant de l'ombre légère du cornus, les glaïeuls de la plantibox semblent finalement décidés à bourgeonner. En connaitrai-je enfin la couleur ? Quel suspense !
Gros plan sur une stipe arrivée là de son propre chef qui forme un heureux fond pour mes beaux penstemons 'Husker red',
'Félicité Parmentier' qui se détache sur les nombreuses fleurettes du physocarpus "Little Devil" pour sembler encore plus délicate.
Quand je vous dis que certaines plantes sont plus belles que jamais, car enfin arrosées à leur soif, voici l'épimède "Pink Elf", toujours fleuri !
Avant de voir ce qu'il en est de la partie "Yang" du massif,
léger aperçu du côté de l'entrée, faisant face au passage qui les sépare. La clématite Armandii, allégée de ses fleurs fanées, a entrepris d'y étirer de nouvelles tiges souples et fragiles, autant que ses feuilles peuvent être raides et coriaces.
Revenons à "Yang". 'Blush Noisette' même s'il voit une partie de ses boutons gâchés par les ondées,
réussit à faire jolie figure aux verveines de Buenos-Aire qui le jaugent pourtant de bien haut cette année, et fraternise avec la belle sauge "Violette de Loire".
Dans l'ombre des branches basses de l'arbre de Judée, les penstemons 'Dark tower' trouvent appui pour leur têtes curieuses. Le géranium "Chantilly" et les ophiopogons apprécient plus de luminosité.
Verrai-je cet automne les fameuses perles que ces courts épis annoncent ?
Un tour "d'angle " à présent ? Si 'Golden Celebration' a fait preuve d'une remarquable floribundité une bonne partie du mois, les averses ont tout de même fini par avoir raison de ses pétales ensoleillés.
Le deutzia nain continue à afficher sporadiquement ses clochettes.
Les camomilles sortent de leur léthargie. Devant le weigelia pourpre, une virgule végétale d'ail des ours que Sylvie est très gentiment allé me cueillir dans son jardin.
Surprise ! il a fallu que les camomilles s'épanouissent pour que je me rende compte que j'avais reçu au troc en novembre, deux différentes variétés, une à fleurs simples et feuillage clair, l'autre à fleurs doubles et feuilles foncées. A défaut d'arriver à temps pour croiser les roses, ces petites marguerites ont pu s'associer avec les vaporeuses inflorescences des alchémilles. Une autre chance l'an prochain ?
Devant la haie, le spectacle me parait toujours intéressant avec l'épanouissement complet des aulx.
De gauche à droite, le cornus panaché, les épis roux de la stipe géante, l'abélia orangé et les spirées dorées jouent le ton sur ton avec les sysirinchiums et le phlomis, les valérianes répondant aux aulx et rafraichissant le tout. Le deutzia probablement lassé de tant d'eau nous gratifie par intermittence de ses jolies grappes aux multiples jupons.
La vedette du massif soigne son entrée toute en gaité et en légèreté : Mademoiselle 'Ghislaine de Féligonde ' (Bébé Cécile).
La potentille a collé ses gommettes citron vif sur son fin feuillage, les sauges atténuent le vilain effet de la floraison des spirées que je garde ici pour le feuillage oubliant chaque année ce qu'il faut supporter quelques semaines. Les campanules, sauges des bois et abelia confetti proposent au deutzia fatigué par la pluie un doux oreiller.
Quand le soleil parait et sait se faire chaud, les papillons fôlatrent et leur vue me réjouit. Par contre, je suis intriguée par ces petites mouches hautes sur pattes que je trouve collées sur quelques plantes comme le chèvrefeuille d'hiver, le rosier voisin 'Madame Alfred Carrière' ou le pigamon qui leur fait face. En avez-vous remarqué aussi ? Savez-vous quelque chose à leur sujet ?
Revenons à présent sur nos pas pour trouver réponses à d'autres questions que je me suis longuement posées.
Mes interrogations concernaient le pied du cerisier autour duquel j'ai regroupé un certain nombre de fortes personnalités dont je n'étais pas sûre que toutes s'entendent. Pour rendre le jeu encore plus incertain, j'y avais ajouté, avec une certaine dose d'inconscience, une giroflée mauve et un géranium subcaulescens.
Je craignais d'avoir eu la main lourde coloristiquement parlant, et comptais sur le génie griffu des lieux, j'ai nommé demoiselles 'Félicité et Perpétue' pour calmer le jeu si nécessaire. Quelle splendide robe affiche ma liane cette année !
Aux ancolies qui jouaient avec subtilité le rappel de teintes chez le leptospermum, succédait dans des tons très proches 'Burgundy ice'.
Ces deux-là s'entendraient-ils avec 'Ballerina' ?
Que se passerait-t'il à l'éclosion des cloches à gorges blanches du penstemon ? Et si 'Belle de Crécy', dans le fond, flanquait la pagaille ? La campanule à fleurs de lait et la verveine hastata blanche fleuriraient-elles ?
Eh bien, j'attends toujours la verveine mais le reste semble vouloir cohabiter avec un certain bonheur. Je suis assez contente de constater que mon histoire parait tenir debout.
Revenons enfin vers le grand massif,
où les roses règnent sur une population opulente, chahuteuse, parfois irrespectueuse.
Allons y voir de plus près, voulez-vous ?
Tout à droite, 'Sibélius' renouvelle déjà sa floraison initiale, et s'est trouvé des camarades de jeux avec le géranium 'Nimbus', les grandes campanules bleues à feuilles de pêcher qui ont rarement été aussi jolies. La clématite recta se mêle à la partie pour la première fois.
L'euphorbe panachée reste chétive mais si lumineuse qu'on lui pardonne volontiers.
D'ailleurs 'Domaine de Courson' est descendu jusqu'à elle pour la saluer. Il était très occupé à découvrir ses facultés de grimpeur quand la pluie a freiné ses ardeurs. Si bien qu'une brêche, ouverte entre ses branches puissantes,
nous a tout à coup permis d'apercevoir 'Thérèse Bugnet', d'habitude invisible sur cette face du massif.
Le jasmin s'étale nonchalamment sous la couronne de roses si généreusement offerte
et sous cet écran étoilé, les vivaces prospèrent. Bel instant que celui de la découverte de la teinte du knautia 'Melon pastel', choisi sans fleurs et parfaitement en harmonie avec son environnement.
Le penstemon 'Sweat Joanne' que j'avais trouvé anecdotique à ce jour, forme à présent avec les géraniums du troc 2014 et la campanule à feuilles d'alliaire, une association pleine de finesse et de fraicheur.
A leurs côtés, c'est un mariage plus contrasté qu'offrent les géraniums de Lancastre, les penstemons 'Husker red', les feuillages mouvants des stipes, argentés des stachys, pourpre des lysimaques.
Sur sa gauche, 'Domaine de Courson' fait de nouvelles rencontres.
'Belle de Crécy' et ail Christophii,
ou encore, le doux lamier 'Beacon silver'.
'Lavander dream' a enfin retrouvé ses esprits et propose au berberis maculé de rose, un dialogue plein de fougue et de lumière.
A l'arrière, à peine visible malgré son intense couleur, le rosier de chez mes parents dont j'aime tant les coupes plates, tutoie le berbéris.
Quelques pas vers la gauche pour découvrir un des nouveaux hôtes du massif, le teucrium hircanicum, germandrée aux majestueux épis jouant les chandelles au milieu des fleurettes des géraniums.
Au premier plan, les épis plus modestes de la véronique s'élancent avec grâce et beaucoup de bonne volonté vers les rosiers voisins.
Mutabilis', 'Apollon moss' et 'Cuisse de nymphe' forment auprès de l'arceau, un trio un peu échevelé, un peu indiscipliné mais si tendre et joyeux.
Aux adorables pompons d'Apollon,
aux délicats tutus de 'Cuisse de nymphe',
viennent de se joindre, de superbes étoiles. 'Comtesse de Bouchaud' nous honore de sa présence.
Voilà ce qu'on fait mes plantes en juin !
J'ai ajouté mon petit grain de sel en plantant le pommier d'ornement, remplissant entonnoir et arrosoir, repiquant les cléomes de Carine,
chassant pyrales du buis et frelons asiatiques, me battant avec les moustiques,
et plus que tout savourant couleurs et parfums, formes et textures.
A ce jardin qui me donne tant, j'ai décidé d'offrir un nom : "Le Jardin de la Chineuse". Qu'en pensez-vous ?
Je vous souhaite une très belle fin de semaine.