JUIN TOUT SEC
Dans le jardin de la chineuse, les roses anciennes unes à unes ont éteint leurs feux, rangé leurs tutus vaporeux, remisé leurs frous-frous. Elles ont assuré pendant un mois un spectacle grandiose et émouvant, le temps du repos est venu pour la plupart d'entre elles.
Dans "Ré", 'Veilchenblau' a atteint son apogée. Puis les roses trémières ont pris le relais.
Le jardin parait tout à coup très vert, mais il suffit de quelques pas pour effacer l'illusion.
Dans la haie, valérianes, sysirinchium, campanules, phlomis et sauges occupent le terrain pour quelques jours encore, accompagnant les floraisons du deutzia et de la boule de neige.
Les scabieuses, géante et alpine, élèvent leurs jolies têtes rondes tandis que 'Ghislaine de Féligonde' s'épanouit nonchalamment et épisodiquement. Les lys reçus de Marie-Noëlle au troc étaient magnifiques. Le kalimeris de Maryse n'a demandé qu'un peu d'eau pour démarrer et je suis définitivement dingue de mon anthericum. Lequel cache sous son apparence gracile une solidité à toute épreuve.Il faut que je lui fignole une toile de fond digne du charme de ses menues étoiles.
Petit à petit, le jardin retrouve un aspect plus familier. Les stigmates des tailles drastiques et des travaux s'estompent.
Sous le cerisier, 'Félicité et Perpétue' arbore enfin une belle écharpe de pompons. Raccourci sévèrement en janvier ce liane a pris son temps.
Pour lui, une floraison unique mais si gracieuse.
A son pied, 'Ballerina' se couvre de grappes qu'il saura renouveler.
Les knautias, penstemons, campanule lactiflora permettront d'attendre sans impatience. Elles jouent un joli ton sur ton cette année.
Un quatrième larron à têtes multiples s'est joint à eux, l'allium sphaerocephalum que j'aime à chaque stade de son évolution.
De l'autre côté du massif, l'oxalis joue les faux-jumeaux de la campanule à fleurs de lait et enrobe les dernières roses de 'Cardinal de Richelieu' d'un tendre nuage.
Dans le grand massif, les véroniques dressent fièrement leurs épis, bientôt rejointes par les germandrées.
Après le bal des grandes corolles, ce sont les mille et unes étincelles des vivaces qui animent le massif avec beaucoup de délicatesse.
Campanules, gauras, achillées, géraniums, knautias, heuchères entremèlent couleurs et corolles.
Je sais que le dessin manque de netteté, mais j'aime mon petit fouillis. Les feuillages y tiennent aussi leur rôle, des stipes, stachys, lysimaques pourpres.
Mon portillon aussi qui met en valeur le physocarpus côté pile, l'arum côté face.
Motifs de satisfaction supplémentaires, la campanule à feuilles d'alliaire ne s'est jamais aussi bien tenue et offre aujourd'hui encore une bien jolie gerbe de clochettes ; la petite pimprenelle rose pâle semble se plaire et commence à déployer ses drôles de pompons.
Le céanothe malmené dans son transport a repris du poil de la bête. La floraison est si fine que je ne me suis pas immédiatement rendue compte que les boutons ouvraient.
Tout débutant qu'il soit, le coin du sambucus me ravit. Heuchères et sauges sont superbes et solides sous le soleil, la persicaire même ne semble pas affectée par la sécheresse. Quant à 'Auberge de l'Ill', il respire la fraicheur. Le bosquet derrière la grille leur apporte une ombre bienvenue une partie de la journée.
Devant l'entrée l'ombre se retire vite. Si la dominante est dans les feuillages,
les fleurs n'abandonnent pas le terrain. La sauge "Violette de Loire", les verveines de Buenos-Aire, la scabieuse "Vivid Violet" se montrent particulièrement résistantes. L'épimède "pink Elf" refleurit.
Juin avance, la chaleur augmente, pas d'eau.
Avec un arrosage de temps en temps la clématie "Mikelite" se porte bien.
Le miscanthus refait enfin surface. Pas sûr qu'il parvienne à produire des épis cet automne. L'abélia est en pleine forme et démarre sa floraison.
Dans l'allée des lierres, je suis épatée par mes jeunes rosiers.
La sanguisorbe ne se contente pas de ses jolies feuilles crantées, elle déroule de longues tiges d'un superbe graphisme. Le cornus kousa semble s'acclimater, le berbéris s'installe et pousse. La clématite de Mandchourie ne passe pas les trente centimètres de haut mais multiplie tiges et fleurs, l'assaut de la cabane se prépare.
L'arbre à papillons joue de tous ses charmes odorants et reçoit l'approbation massive des paons de jour.
'Ladurée' toujours souffreteux a réussi à produire une rose de toute beauté.
Déception, la lavatère "Barnsley" ne l'est pas ! Bizarrement la même mésaventure est arrivée à Carine alors que nous ne vivons pas dans la même région. Un producteur aurait-il fait une erreur ?
Puis ce phygélius chiné l'an dernier qui devait porter des clochettes roses s'avère être un bon candidat pour un troc de plantes.
Ces déconvenues sont plus que compensées par un autre grand moment de ce mois intense. Le week-end magique de rendez-vous au jardin s'est prolongé d'une manière imprévue et heureuse. Chantal, la charmante propriétaire des "Héliotropes en Scévolles" m'avait fortement conseillé la fête des plantes de Prissé-la-Charrière. De retour à la maison, je découvrais que l'endroit se trouvait dans les deux-Sèvres et à, à peine plus de deux heures de chez moi. Je contactai Carine pour savoir si elle s'y rendrait comme cela lui arrive parfois et c'est ainsi que nous avons passé une fabuleuse journée ensemble dans un très beau cadre, au milieu de plantes et de décorations superbes, fait la surprise de notre présence à Cécile auprès de qui nous avons fait la connaissance d'autres jardiniers et blogueurs dont Viviane et Michel, amis de Chantal et son époux !
Ma résolution de ne plus planter avant l'automne ne pouvait tenir face au choix et à la qualité des plantes et exposants. Je veille donc à présent sur deux jolis origans, deux pieds de cette achillée si lumineuse qui nous a charmées, Carine et moi, un penstemon digitalis, une sphaeralcea munroana rose, un plantain pourpre frisé, une houttinie à feuilles vertes et fleur double que je trouve bien plus jolie que la tricolore et cet adorable petit orme "Jacqueline Hillier" convoité de longue date.
Et bien entendu d'encore plus près sur les bébés du jardin de Carine.
Est-ce la canicule qui a poussé l'aster bleu à fleurir déjà ? Roses en mai, asters en juin, que restera-t'il le mois prochain ?
La pluie revenue cette semaine va peut-être modifier la donne. En tout cas, elle va suspendre la noria des arrosoirs et permettre au jardin de respirer.
Je vous souhaite un très beau week-end.