AU PAYS DES JARDINS VERTS 3 : EMOTIONS ET GENEROSITE
Séricourt, lieu mythique, jardin rêvé, allait ce jour prendre corps ailleurs que dans mon imaginaire. Sans toutefois s'en évader totalement.
L'écho que j'en avais s'avérait partiel, aussi ai-je été étonnée, surprise parfois, ai reconnu certains endroits. Et me suis-je laissée porter par le lieu au gré d'un itinéraire de plus en plus détaché du plan de visite que nous avions d'abord pensé suivre.
Rapidement chacun a pris son chemin suivant ses sensations et ses envies. Séricourt n'est pas un jardin botanique, ce n'est pas un jardin de beaux coups d'oeil figés, il n'est pas didactique. C'est un jardin qui raconte des histoires, l'Histoire aussi. C'est un jardin funambule qui propose sur un fil de poésie des jardins multiples appelant au rêve, à la réflexion, au jeu même, au détachement. Un jardin duquel émane une union avec le végétal et un apaisement certain.
La visite débute sous le couvert de grands arbres abritant un sous-bois dense, animé d'érables et arbustes contrastant,
mais déjà l'oeil et l'esprit sont attirés par des sentiers, quelques marches, des points de lumière vive.
Nous prenons néanmoins le temps de parcourir le labyrinthe de graminées et admirer les arbres émergeant de cubes de métal fracturés. Quel plaisir, cette sensation de se promener dans une prairie géante !
Grand moment attendu, la découverte du jardin guerrier. Ces terres du nord sont nourries des ravages des guerres, elles en portent les stigmates et en exsudent encore les reliques. Ce jardin se fait mémoire, racontant les soldats alignés, les conciliabules des chefs, la tension, l'embrasement, le champ de bataille,
les fuyards, les rescapés, le sang versé, la nature ravagée.
Puis le cheminement vers la trêve, le repos des âmes des morts et des vivants, l'envie d'un devenir,
l'espoir d'une paix infinie.
Qui se dessine au creux d'un jardin de roses japonaises,
se profile sur le parvis,
et nous étreint sur le seuil de la cathédrale.
Un sentiment de plénitude se fait jour,
une envie d'embrasser la vie,
l'accueillir dans sa variété, la fêter.
Repartir sereins et radieux.
Et tout de suite, la suite dans un message bis pour éviter que celui-ci ne soit trop lourd ou trop long.