DEFI DU 20 : LETTRE K
Adrienne nous a proposé pour cet ultime défi de l'année 2020 de jouer avec les mots "Kot" et "Karma".
Si comme moi vous découvrez ce mot de "kot", sachez qu'il nous vient de Belgique et désigne un petit logement loué aux étudiants par extension du sens originel de placard, voire taudis.
Etudiante en droit à Paris pendant cinq ans, les circonstances, ou mon karma, ont fait que j'ai, chaque année, occupé un logement différent.
La chambre dans laquelle je passais la première dans le 11° rue Saint-Sébastien Froissart était vaste et ne saurait être qualifiée de Kot. Ni le deux pièces au sixième étage d'un immeuble rue Viala que je partageais avec une de mes soeurs, l'année suivante, les chambres étant de taille tout à fait confortable, si la douche et la kitchenette tenaient dans un dé à coudre. J'adorais arpenter les rues de ce 15° arrondissement.
Un passage hors les murs nous mena deux de mes soeurs et moi dans un appartement de Montreuil, rue de Romainville. Sis au-dessus d'une boutique vide, il comportait une chambre et un grand double séjour que mes soeurs se partageaient, une étonnante petite salle de bains peinte en noir. L'hiver les tuyaux qui passaient sous le porche gelèrent nous privant d'eau froide, alors que la panne du chauffe-eau nous avait déjà ôté l'eau chaude ! Mais celà n'en faisait pas à proprement parler un kot.
Encore moins ce petit bijou du XX° rue des Pyrénées. Un vrai deux pièces, avec une vraie cuisine, une vraie salle de bains, des placards, au septième et dernier étage de l'immeuble, avec une vue imprenable sur le Sacré Coeur, un vieil ascenseur bringuebalant, une concierge adorable. Un seul inconvénient, le locataire du dessous, fortement perturbé psychiquement, ce qui nous, et lui, valurent de vivre quelques péripéties, plus comiques pour nous, la première surprise passée, que dangereuses.
Quel dommage que nous n'ayons pas eu les moyens à l'époque de l'acheter à prix préférentiel en tant que locataires quand le propriétaire a décidé de vendre. Un petit Franprix tout prêt, une boulangerie-pâtisserie dans la maison voisine, un beau marché sur le boulevard et le jardin des Buttes-Chaumont un peu plus haut...Le rêve !
Non, le seul logement que j'ai habité et qui pourrait mériter ce nom de kot est la chambre de bonne dénichée in extremis à l'entrée de ma troisième année d'études rue de Bellefond dans le 9°. Evidemment située sous les toits, éclairée par un vasistas, elle comprenait un placard sous la pente du toit, et dans la longueur, un lit une place et un lavabo. Dans la largeur ce lit, une table qui était une planche fixée au mur par des charnières qu'on rabattait si nécessaire et un tabouret. Les toilettes étaient communes et sur le palier. Autant dire que je les ai jamais utilisées. Dans cette chambre qu'on aurait pu facilement qualifier d'exiguë, je fus très vite rejointe par une de mes soeurs qui venait de réussir le concours d'entrée à l'Ecole Normale (laquelle formait à l'époque les instituteurs et institutrices). La solution était provisoire, juste le temps qu'elle trouve son propre logement, ce qui ne se fit pas cette année là. Nous posâmes le matelas à côté du sommier. Nous passions nos journées chacune dans notre "école", nous rejoignantpour diner de soupes instantanées que la forte chaleur de l'eau du robinet du lavabo nous permettait d'obtenir sans cuisson (nous n'avions ni matériel ni autorisation de cuisiner, ni d'ailleurs moi l'autorisation d'héberger quelqu'un), de carottes rapées et de compotes de pommes, bavardions, lisions, écoutions la radio.
Malgré ces conditions de vie quelque peu spartiates, je garde finalement un bon souvenir de ce que je ne savais pas être un kot.
Si vous allez chez Adrienne, vous en saurez plus sur sa version du kot et sur les participants et participantes au défi du jour.
Très bon dimanche, et belles fêtes de fin d'année !