AOÛT SEME LE DOUTE
La dernière hésitation que je lui dois, est celle de savoir si je devais vous parler de ces semaines au jardin de la Chineuse.
Que vous montrer, que vous dire ?
Plus chaud mais plus généreux en eau que son prédécesseur, août a été éprouvant. S'il n'avait suivi juillet si sec, ces quelques averses que nous avons eu la chance de recevoir vers le mitan du mois auraient eu plus d'effet. Leur arrivée était tardive.
Peu de fleurs, hormis les carottes sauvages. Le jardin n'a pas seulement soif, il brûle. Tous les végétaux ne supportent pas cette ardeur solaire et la perte de feuillage des uns prive les autres de leur protection habituelle. C'est la valse des parasols, ouverts, fermés qui décollent au vent rageur, les petits matins déjà tièdes au bout du tuyau d'arrosage.
Car, nous avons eu cette autre chance, de ne pas avoir été mis au régime sec. Cependant j'ai toujours limité au strict minimum l'usage de l'eau dans le jardin et cherché dès ses débuts les plantes qui se contenteraient des averses. Force m'est de reconnaitre que ni le jardin ni moi n'étions prêts à cette année de météo forcenée.
Malgré les paillages, malgré la plantation en "rangs serrés", la multiplication des couvre-sols et la sélection assez stricte des admis au jardin, le manque d'arbres s'est fait cruellement sentir. La taille et la configuration du terrain empêchent au regard de la législation de voisinage de planter des espèces trop poussantes. Le fait de ne pas avoir acquis une surface vierge et de ne pas pouvoir faire table rase de l'existant dès le départ nous a donné quelques années de retard sur le réchauffement climatique. Mes arbres et grands arbustes sont jeunes et nécessitent encore quelques années de pousse avant de devenir efficaces. Si la météo leur prête vie.
Des végétaux, donnés dans des ouvrages de spécialistes, comme résistant à la sécheresse ont souffert, gauras, phormiums, héléniums. La combinaison de chaleur et parfois de vent s'y ajoutant a été terrible pour certains.
Rien ne permettant d'augurer d'étés plus tempérés ces prochaines années, j'ai dû me résoudre à laisser périr les plus fragiles et chercher des remplaçants. Pour beaucoup de plantes, le verdict est loin d'être définitif. Qui passera correctement l'hiver après avoir dépensé tant d'énergie à résister à l'été ?
Parfois gagnée par le découragement, je me suis demandé s'il n'était pas tout simplement vain de continuer à vouloir un jardin. Si je ne gaspillais pas égoïstement le peu d'eau que je lui accordais.
Puis le jardin m'offrait des encouragements. Si les grandes oreilles des bergénias flétrissaient, les fusains voisins tenaient bon, les petites sauges offraient quelques corolles aux butineurs affamés, les oiseaux se manifestaient à nouveau.
"Guirlande d'amour" me surprenait avec une jolie remontée,
"Auberge de l'Ill" qui bénéficie d'une situation moins exposée, m'offrait de jolies grappes toutes fraiches
"Bougainville" des fleurs plus rares mais somptueusement colorées,
et "Marie Pavié", une vision de rêve. Je n'arrose pas mes rosiers, année de plantation exceptée.
Le très jeune Malus "Evereste" prépare ses pommettes pour les oiseaux.
Un air d'automne se faufile dans les feuilles.
S'ouvre l'ère des sedums,
et des cyclamens virevoltants.
Les doutes et les questions continuent d'affluer mais une certitude s'est fait jour : le désert ne passera pas par moi. Mon jardin ne m'appartient que sur le papier. C'est le lieu de vie ou de passage d'une foule d'animaux et végétaux, utiles au delà de son périmètre seul. Il faut que je le rende plus autonome !
Bonne semaine.