PROMENONS-NOUS SANS LA PLUIE
Oublions un moment le ciel maussade pour nous retrouver en fin de printemps à Chaumont-sur-Loire.
En cette fin mai, le Festival des jardins bat son plein. Autour du thème "Jardin résilient" les créateurs ont décliné idées et propositions de solutions pour faire face aux conséquences des changements climatiques, les anticiper, les atténuer. Sécheresse, chaleur, feu, inondation, progression des mers sur les côtes, tempêtes, vent, grêle...fragilisent nos jardins, voire les détruisent. Comment ne pas les perdre, les faire évoluer pour conserver ces espaces qui font du bien à l'environnement, au corps et l'âme au delà de chaque jardinier, sont bénéfiques pour tous, prodiguant beauté, soin et nourriture même à ceux qui les ignorent.
Ainsi le "corridor végétal" redonne place aux plantes pour créer un ombrage bienfaisant et abaisser la température du lieu, où le bitume avait pris ses aises.
Le "Jardin du Verstohlen" rappelle et met en exergue les éléments fondamentaux listés pour l'humanité, silence, horizon, temps long...communs à tous "qui ne peuvent être volés".
Le "jardin des chênes" met à l'honneur cette famille aux nombreuses espèces et promise grâce à ses facultés d'adaptation à un avenir crucial pour le nôtre.
"Cendres fertiles" évoque le retour à la vie des forêts dévastées par les incendies, qui se multiplient.
Le jardin de la "Fontaine Anémone" déjà présent l'an dernier pousse et montre comment un jardin tiré de matériaux de récupération et de boutures redevient de plus en plus végétal et enrichit l'atmosphère.
"Regarder, voir" propose à travers six jardins de se baser sur l'observation de l'existant pour sortir de stéréotypes ou solutions uniques toutes faites, en privilégiant des pistes vraiment adaptées à chaque espace et biotope.
"Le chant du sel" montre qu'un jardin est possible dans un sol salé. Le niveau des mers monte et son emprise sur les sols augmente. L'anticipation est de mise.
Le "jardin Kintsugi-Pansons (pensons ?) nos blessures" s'inspire de cet art et philosophie qui consiste à réparer les accidents des objets en les magnifiant. Ici le végétal répare le sol et le rend de nouveau apte à la vie.
"La balance de Némésis" cherche l'équilibre entre les risques contraires d'incendie et d'inondation.
"L'alliance des courants" se tourne vers une combinaison de permaculture et électro-culture, utilisant électricité statique, force du vent et énergie de l'eau pour stimuler la croissance des plantes.
Un coup d’œil vers le jardin de "La petite serre" avant d'y entrer. Une opulence réjouissante y règne.
Dans la serre, le décor est majestueux, les végétaux à l'échelle.
"Terre de feu" propose après l'incendie de réagir avec des habitats et des plantes responsables. Beaucoup de jardins offrent des idées de constructions en matériaux naturels, des cocons protecteurs, et la reprise de techniques anciennes adaptées aux besoins actuels.
"Hortus spei, le jardin d'espoir", déborde de fleurs, éclate de plantes. La densité et la diversité des végétaux est un vrai bonheur.
Le jardin sec, qui se place à l'autre extrémité du spectre jardinier dans sa sobriété, invite ensuite à la pause contemplative.
Même si la visite du Festival est déjà un moment intense en soi, vous n'avez ici qu'un aperçu d'une partie des jardins qui ont concouru, pas question d'être à Chaumont-sur-Loire sans aller revoir les jardins pérennes qui évoluent et maturent.
J'ai toujours eu un gros faible pour le jardin "Hualu, ermitage sur Loire" qui adapte le jardin chinois à notre époque. Encore une fois, il m'a transportée.
"Le jardin miroir", lui, me laisse toujours rêveuse.
"Sous le soleil africain", le jardin plus récent se façonne encore.
Tous ces jardins sont enchâssés dans de superbes massifs.
Le château, le parc, les communs regorgent d’œuvres d'art. Une journée n'y suffit pas. Un message non plus.
Bonne semaine.