DEUX SEMAINES EN AVRIL
Pendant deux semaines, le jardin a semblé complètement engourdi par le froid, puis les choses ont évolué, discrètement, très discrètement. Mais deux semaines plus tard le résultat est là.
Au milieu du mois, j'errais encore dans le jardin à l'affût de la moindre trace de vie, me réjouissant de chaque petite feuille, chaque fleur daignant pointer le bout de son nez.
Les intempéries nous laissaient peu de repos, le manque de soleil affectait aussi les plantes.
Les hostas goûtaient la vie lacustre, le mouton gisait sur le flanc, renversé par les coups de vents, le groseiller à fleurs ne pût en produire que trois, mais l'hydrangea 'Annabelle' sortait des feuilles. Il avait donc bien passé l'hiver, ce qui était une nouvelle réconfortante puisque c'était son premier ici.
Quelques journées précieusement et délicieusement ensoleillées accélérèrent enfin les choses, comme vous pouvez le constater devant l'évolution de l'épimède. Les fleurs se sont multipliées, portées de plus en plus haut par leurs tiges fines, puis le nouveau feuillage a définitivement noyé l'acajou ancien dans son tendre vert. Les primevères et violettes commençaient à se sentir moins seules.
Les euphorbes ont entamé leur show. J'aime tellement leur couleur acidulée, si proche de celle des toutes nouvelles feuilles dans la forêt. Leur architecture également me fascine, ainsi que l'association des teintes des fleurs et des tiges. C'est une joie toujours renouvellée, pour moi, de les voir s'épanouir.
L'anémone pulsatille et la pulmonaire ont fait leur apparition. Je dois avouer que je ne me souvenais pas que l'anémone était aussi rouge.
Le petit cerisier japonais n'a pas été très florifère mais il se rattrape avec ses adorables feuilles toutes claires et dentelées.
Ces deux dernières semaines ont également vu le développement express des cornouillers (en haut et à gauche), du berbéris qui fleurit bravement, et là je suis fière car il était malade l'an dernier ; pour le sauver, j'ai décidé de le déplacer, et manifestement, le remède a fonctionné ; ainsi que celui des physocarpus pourpres et doré (les quatre clichés du milieu et du bas à droite).
Devant la maison, la haie commençait à vivre. La petite viorne sortait en même temps feuilles et bourgeons de fleurs, les spirées pruneliflora et arguta fleurissaient et étoffaient leurs feuillages, les spirées du Japon arboraient fièrement leurs couleurs flamboyantes.
Quinze jours après les choses basculaient. Les forsythias et spirées blanches défleuries cédaient la place au jaune entêtant des corètes à fleurs simples, soutenus par les spirées du japon mettant leur feuillage à l'unisson. Le phlomis russeliana épanouissait de larges feuilles au-dessus des euphorbes petit-cyprès et la boule de neige semble vouloir rattraper son retard, feuilles et inflorescences ayant poussé à une vitesse insensée. Les bulbes ne sont pas en reste.
Le long de la maison, les buis abrités poussent bien, mais je suis toujours surprise de les voir fleurir, ce qui est pourtant tout à fait normal. L'hortensia grimpant n'a pas souffert non plus. Il a probablement apprécié le surcroît d'humidité de cet hiver. Et les érigerons se sont mis en cage tout seuls !
L'arbre de Judée affiche un décalage certain. ses fleurs sont formées mais pas encore ouvertes alors que le feuillage commence à s'afficher.
Mon bébé magnolia se montre très brave. Il a ouvert tous ses boutons floraux et se couvre maintenant d'un beau feuillage brillant. Il pourrait devenir en grandissant, un vrai point fort du jardin.
Le cerisier, en vieux briscard, a largement attendu son heure. Maintenant, le spectacle bat son plein et encore, vous n'entendez pas le bourdonnement tenace qui l'enveloppe toute la journée.
Divine surprise, la pivoine se décide à présenter des boutons floraux ! Enfin ! Trouvée sur place il y a quatre ans et demi, j'ai été obligée de la déplacer car elle était au milieu de la pelouse, et tout ce qui est dans la pelouse est tondu par Monsieur. Résultat, je n'ai jamais vu sa couleur. Derrière elle, le berbéris à son nouvel emplacement, qui paraît lui être propice. A ses cotés, un de mes 'Pierre de Ronsard' qui est en boutons.
Dans le massif, l'amélanchier nous a gratifié d'une floraison expresse,
Les tulipes et narcisses ont déployé leurs corolles tout doucement.
Les heuchères allongent leurs tiges, les hostas ont à nouveau les pieds au sec, les roses trémières forment de superbes touffes, les rosiers sont en boutons, les petits phloxs se sont couverts de fleurs sans crier gare, et un premier géranium vivace fleurit. Même si le temps est encore très capricieux, le jardin nous dit que le printemps est vraiment là, et qu'il prépare déjà l'été.
Heureusement, car après quelques belles journées pendant lesquelles j'ai renoué avec mon jardin,
pendant que d'autres se prélassaient,
le froid est revenu, et sa persistance pourrait me faire douter de la venue d'une saison meilleure. Ces rayures sur mes clichés et les traces blanches au sol, ce sont des grêlons !
En attendant que passent ces sautes d'humeur, je suis retournée à l'intérieur, et j'ai improvisé une petite déco avec les têtes séchées sur pied de l'hydrangea que j'ai coupé puisque ses feuilles sont apparues.
Et puis, je vous ai cherché du muguet puisque nous sommes presque en mai.
C'est tout ce que j'ai pour le moment, mais je vous l'offre de bon coeur.
Bon premier mai !
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