CHÂTEAU GAILLARD
En 1495, Charles VIII découvre au cours de la première campagne d'Italie, les merveilles du Quattrocento et surtout les splendides jardins du royaume de Naples. Conquis, il convainc 22 artistes de l'accompagner et donner corps à son rêve de paradis italien en France.
Au nombre de ces artistes Pacello de Mercoliano, moine et Maitre jardiniste, célèbre dans toute l'Europe.
C'est à Château Gaillard au coeur d'Amboise que naitra le Domaine Royal, offert en 1515 à Pacello par François I° contre un bouquet de fleurs d'oranger annuel. Le jardiniste y transpose pour la première fois en France les jardins à l'italienne, inventant l'art des jardins, acclimatant les premiers orangers en France, créant la prune Reine Claude, les cassettes à orangers, la serriculture, la perspective des jardins, sculptant les végétaux...
Empruntons l'allée bordée de 180 platanes plantés il y a 150 ans.
Adossé au rocher, le château s'offre au soleil.
Le charmant pont Médicis soigneusement restauré invite à la contemplation de l'Amasse.
En cheminant le long de la rive, on peut admirer la meunerie XVII° et la chaumière XVIII°.
Remontons vers les jardins pour découvrir les "Carrés Pacelliens" offrant succesivement fruits, fleurs, légumes, simples, roses, vignes mis en valeur par différents paillages minéraux et entourés de petits houx. Le houx était utilisé régulièrement dans cette fonction avant d'être remplacé au XVII° par le buis.
Serres, murets, l'espace est habilement construit et exploité.
Passons sous l'arche aux dauphins. Erigée en 1500, elle était la porte d'entrée des jardins, clos, à la fois pour se protéger des intrusions et créer un micro-climat propice aux plantes. Nous débouchons sur les Grands Parterres Royaux qui préfigurent les futurs jardins à la française et offrent la première perspective axiale devant le château en France.
L'orangerie nous attend, avec, dans les caisses de culture et transport inventées par Dom Pacello, 60 espèces d'agrumes.
En quittant l'orangerie, la vue cadrée passe par la fontaine, traverse la prairie pourvu d'un tentant coin sieste et file au-dessus de l'eau vers les confins de la propriété et ses grands arbres.
Les sentiers nous appellent à profiter de l'ombre des arbres séculaires du parc de 15 hectares. Nous partons à l'assaut du côteau abritant de nombreuses grottes dont deux étaient habitées à la préhistoire, croisons un pigeonnier rupestre troglodyte du XV° comptant 200 boulins (donc pour une propriété de 100 hectares), une loge de vigne XVII°, une glacière XVI°...
Au bout d'un des sentiers la source du domaine marquée de colonnes.
En nous dirigeant vers le château nous découvrons la terrasse du XVII° posée sur une grotte abritant la chapelle. Elle conduit à la boulangerie du XV° vestige du château médiéval préexistant.
La cour et la tour en vis datent également de l'époque du château fort.
Le château est meublé dans l'esprit de la première renaissance italienne et abrite une collection exceptionnelle de 8000 vitraux réalisés selon les techniques du XVI°. Les nombreux éléments décoratifs, racontent l'Histoire de France, de Charles VIII à Louis XII et Anne de Bretagne, à la conjuration d'Amboise en passant par François I.
Une restauration d'une ampleur énorme a été menée pour redonner vie et éclat au Domaine.
Si le tarif d'entrée parait élevé de prime abord, sachez que l'on peut y pique-niquer au bord de l'eau ou s'y restaurer, qu'il est loisible d'y passer la journée afin de découvrir tous les charmes de l'endroit dont ce que je vous ai montré n'est qu'un extrait.
Très bon dimanche.